Biden s’est-il réinscrit sur la liste des guerres perpétuelles ?

PAR JADE · PUBLIÉ 4 MARS 2021 · MIS À JOUR 3 MARS 2021 Aube Digitale

Jeudi, lors de sa première action militaire, le Pentagone a envoyé deux F-15E américains pour frapper les cibles du Kataib Hezbollah, une milice irakienne soutenue par l’Iran, juste à l’intérieur de la frontière orientale de la Syrie.

Les frappes américaines étaient en représailles à une attaque de missiles sur une base américaine à Irbil, capitale du Kurdistan irakien, qui a tué un entrepreneur et blessé un soldat américain.

“Nous sommes convaincus que la cible a été utilisée par la même milice chiite qui a mené les frappes”, a déclaré le secrétaire à la défense Lloyd Austin.

Mais les démocrates le savent. Tim Kaine et Chris Murphy veulent savoir où le président Joe Biden a obtenu l’autorisation de lancer des attaques en Syrie, où il n’y avait aucun danger clair ou présent pour les troupes américaines.

Quelques jours avant l’attaque américaine, les Kataeb Hezbollah ont publié une déclaration niant toute complicité dans l’attaque d’Irbil : “Nous n’avons absolument pas ciblé Erbil ou la zone verte et nous n’avons aucune connaissance du groupe qui l’a fait.”

L’Iran a également nié toute implication dans l’attaque de missiles contre les Américains. Lors d’une visite à Bagdad, le ministre iranien des affaires étrangères Javad Zarif a demandé une enquête pour savoir qui est à l’origine des attaques en Irak.

“Nous soulignons la nécessité pour le gouvernement irakien de trouver les auteurs de ces incidents”, a déclaré Zarif.

Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les forces russes en Syrie n’ont été averties que quatre ou cinq minutes à l’avance que les avions américains étaient en route pour une attaque.

En résumé : Ceux qui mènent ces attaques sur les bases et les troupes américaines en Irak, provoquant des contre-attaques américaines, cherchent à déclencher un conflit entre les États-Unis et l’Iran, et leurs alliés en Irak et en Syrie.

Et ils y parviennent.

Biden a rompu avec l’ancien président Donald Trump sur la décision de ce dernier de se retirer de l’accord nucléaire iranien et d’imposer des sanctions de “pression maximale” pour obliger l’Iran à négocier un accord plus restrictif. Mais Biden n’a pas encore révélé sa propre stratégie ou ses objectifs dans ses relations avec Téhéran.

Est-il prêt à accepter un retour à l’accord nucléaire que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Chine et la Russie ont négocié avec l’Iran en 2015 ? Et si cet accord n’est plus adéquat aujourd’hui, comment Biden propose-t-il d’amener l’Iran à négocier et à accepter un accord plus rigoureux ?

Les sanctions constituent notre levier. Si Biden les lève en échange du retour de l’Iran aux termes de l’accord de 2015, il abandonne tout son pouvoir pour un nouvel accord couvrant le développement de missiles de Téhéran et l’aide aux milices chiites au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban.

Mais si Biden refuse de lever les sanctions de Trump, l’Iran va probablement relancer son programme d’enrichissement nucléaire, abandonner les Etats-Unis et élire cette année un régime intransigeant qui pourrait adopter une politique d’attaque des intérêts et du personnel américains dans toute la région jusqu’à ce que les Américains rentrent chez eux.

Six semaines après le début de son administration, Biden semble en danger d’être entraîné indéfiniment dans les guerres éternelles du Moyen-Orient.

En Afghanistan, selon les termes de l’accord de paix négocié avec les talibans en 2020, toutes les troupes américaines doivent avoir quitté le pays au 1er mai.

En vertu de cet accord, pas un seul soldat américain n’a été perdu au combat au cours de l’année écoulée.

Si les États-Unis annoncent, comme certains le pensent, que nous ne retirerons pas toutes nos forces d’ici le 1er mai, les talibans, qui contrôlent la moitié du pays, commenceront probablement à cibler les troupes américaines restantes dans le pays.

Biden pourrait alors se voir présenter ce choix hobbesien : Fuir l’Afghanistan sous le feu de l’ennemi, ou envoyer plus de troupes américaines pour protéger ceux que nous avons laissés derrière nous. écrit William Ruger, un vétéran de la guerre et le candidat de Trump pour être ambassadeur en Afghanistan :

“Maintenir nos troupes en Afghanistan au-delà de l’échéance promise, c’est les repousser dans la ligne de mire des talibans et poursuivre indéfiniment une guerre … impossible à gagner, qui a déjà coûté plus de 2 000 milliards de dollars et plus de 2 400 vies américaines …

“Tout ce qui n’est pas un retrait complet signifie que l’Afghanistan deviendra la guerre du président Biden. Il devra assumer les terribles conséquences prévisibles de la poursuite d’une guerre qui ne peut être gagnée”.

Si l’on considère nos 20 années d’intervention militaire au Moyen-Orient, depuis qu’Oussama ben Laden nous a attirés en abattant les tours jumelles et en frappant le Pentagone, qu’est-ce qui figure à l’actif de notre bilan ?

Deux décennies de combat en Afghanistan, et pourtant l’ennemi taliban que nous avons évincé en 2001 semble aujourd’hui destiné à reprendre le pouvoir lorsque nous partirons.

Les milices chiites pro-iraniennes dominent l’Irak que nous avons envoyé une armée pour libérer de Saddam Hussein. Au Yémen et en Syrie, nous portons une responsabilité morale majeure dans deux des pires catastrophes humanitaires du 21ème siècle, et nous sommes confrontés à des défaites stratégiques sur ces deux théâtres.

En Libye, dont nous avons aidé à renverser le régime, les Turcs et les Russes se battent pour le contrôle.

Et la Chine, qui est restée en dehors de toutes ces guerres que nous avons commencées – ou dans lesquelles nous avons plongé – a prospéré au cours de ces 20 années comme peu d’autres nations dans l’histoire moderne.

Traduction de Buchanan par Aube Digitale

https://www.aubedigitale.com/biden-sest-il-reinscrit-sur-la-liste-des-guerres-perpetuelles/

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