Allemagne

Deutsche Bank reste engluée dans les scandales et les procès

Deutsche Bank reste engluée dans les scandales et les procès

Les successeurs de Josef Ackermann n’arrivent pas à redorer le blason de la banque. Les petits porteurs sont excédés

Le vieil homme en costume de velours ne décolère pas. Trente ans qu’il est actionnaire de Deutsche Bank, et jamais il n’a pris la parole à une assemblée générale. Mais cette fois, «c’en est trop!» lâche-t-il devant les caméras de la télévision allemande. Comme la plupart des actionnaires présents jeudi à l’assemblée générale extraordinaire (AGE) de Deutsche Bank, la première de son histoire, il est excédé des manœuvres du clan Kirch. Et il renouvelle sa confiance à la direction de l’établissement.

Car si les actionnaires ont été reconvoqués, c’est à cause des héritiers de feu Leo Kirch, le magnat de l’audiovisuel déchu. Des décisions importantes de la précédente réunion datant de mai 2012 devaient être revotées. Elles avaient été invalidées par la justice à la suite de la plainte de la famille Kirch, qui dénonçait un vice de forme. L’AGE a confirmé les votes de 2012, portant notamment sur le versement de dividendes aux actionnaires et le choix de Paul Achleitner à la tête du conseil de surveillance.

Anshu Jain et Jürgen Fitschen, le duo à la tête de la banque, étaient visiblement soulagés. Même s’ils ne sont pas au bout de leur peine. Les deux présidents ont pris, voici dix mois, la succession de Josef Ackermann au sommet des tours de Francfort. Depuis, ils n’ont guère eu l’occasion de présenter de bonnes nouvelles. Confrontée à une cascade de plaintes et de procès, la première banque d’Allemagne a dû provisionner des milliards d’euros en raison de ces «risques judiciaires».

D’abord, les héritiers Kirch la tiennent pour responsable de la débâcle de l’empire familial en 2002, peu après la publication d’une interview du patron de l’époque, Rolf Breuer, doutant de la solvabilité du groupe. En décembre 2012, le tribunal de Munich avait reconnu les fautes de la banque et l’avait condamnée à verser des dommages et intérêts dont le montant – non encore déterminé – pourrait atteindre 1 milliard d’euros. En attendant, le clan Kirch semble résolu à maintenir la pression.

Les dommages et intérêts à leur verser ne représentent qu’une partie de la somme que Deutsche Bank a provisionnée. Les petits litiges – moins de 100 millions d’euros – ne sont pas couverts. Fin mars, ce fonds a été augmenté de 600 millions d’euros, pour atteindre 2,4 milliards. «Nous ne savons pas combien de plaintes vont encore se présenter à nous», avouait en janvier Anshu Jain. La liste des conflits ouverts est en effet longue. Deutsche Bank est impliquée dans le scandale de manipulation des taux Libor et Euribor et anticipe à ce sujet une amende de 500 millions d’euros. Une enquête est par ailleurs en cours contre une partie de la direction de l’institut pour fraude fiscale dans le commerce des certificats d’émission de CO2.

Aux Etats-Unis, des milliers de plaintes s’accumulent contre la banque pour son rôle dans la formation de la bulle immobilière. La justice américaine enquête également sur les déclarations d’un ex-analyste, qui accuse la banque d’avoir maquillé ses bilans 2007-2009 pour éviter le renflouement par l’Etat allemand lors de la crise bancaire. Enfin, en Italie et en Allemagne, les plaintes de PME et de communes se multiplient. La banque est accusée d’avoir vendu des produits financiers ayant engendré de fortes pertes.

Par Nathalie Versieux Berlin/Le Temps

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b37fe616-a3a7-11e2-bc14-2d985e2e86f8%7C1

Laisser un commentaire